Présentation
Après plus de 40 ans de travail pour la scolarisation des Élèves issus des Familles Itinérantes et du Voyage(EFIV) en école primaire et plus de 15 ans au niveau des collèges, il nous semblait important de porter notre effort sur l’accès à une qualification et à une meilleure insertion professionnelle pour ces jeunes.
Actuellement plusieurs dizaines d'élèves s’engagent sur des parcours qualifiants après 16 ans. Désormais, chaque année plusieurs d’entre eux sortent du système scolaire en étant diplômés et travaillent dans diverses entreprises.
Nous avons souhaité que ce colloque soit un temps de réflexion, d’échanges et de valorisation des progrès sur la question de la formation de ces jeunes à l’issue de la scolarité obligatoire et sur les possibilités d’accès à une qualification et à l’emploi.
Cette journée avait donc pour ambition de réunir les professionnels dans et hors Éducation nationale, spécialistes de l’orientation intervenant dans le champ de l’accès à l’emploi.
C’était un temps de coopération entre le système éducatif et le monde économique au service de l’insertion professionnelle. Il s’inscrivait dans le projet académique concernant la persévérance scolaire et la formation tout au long de la vie.
Nous remercions chaleureusement l'équipe de direction dulycée Pierre-Joël Bonté qui a comme toujours répondu favorablement à notre demande pour accueillir ce colloque dans des conditions matérielles et logistiques de grande qualité.
L'organisation du colloque
9:30
- Ouverture par Madame Marie-Danièle Campion, recteur de l'académie de Clermont-Ferrand
- Table-ronde : le parcours scolaire des élèves du voyage dans le Puy-de-Dôme
- Karim Touahmia, inspecteur de l'éducation nationale ASH, chargé de la scolarisation des EFIV
- Agnès Coutard, principale du collège Louise-Michel à Maringues, animatrice du Réseau des Établissements des Élèves du Voyage du second degré du Puy-de-Dôme (REEV2 63)
- Nicolas Oudard, proviseur adjoint du lycée Pierre-Joël-Bonté à Riom.
- L'accompagnement vers l'insertion professionnelle : un exemple dans le département de la Gironde
- Hélène Beaupère, directrice de l'association départementale des amis de voyageurs de la Gironde (ADAV33)
- Fabienne Hetier, animatrice à l'ADAV33
13:30
- Table-ronde : de l'école au monde de l'entreprise
- Jean-Yves Fleuret, directeur adjoint chargé de la SEGPA du collège La-Ribeyre à Cournon-d'Auvergne
- Quatre jeunes engagés dans la formation professionnelle
14:15
- Ateliers d'échange et de réflexion :
- ATELIER 1 - L’insertion : Les accompagnements
- ATELIER 2 - Les employeurs : Compétences et marché du travail
- ATELIER 3 - La qualification : Valorisation et certification
- ATELIER 4 - Les auto-entreprises
16:00
- Présentation de la synthèses des ateliers
16:20
- Conclusions du colloque
- Dominique Momiron, inspecteur de l’éducation nationale conseiller technique ASH auprès du recteur, coordonnateur du CASNAV de Clermont-Ferrand
Les synthèses des ateliers
Conclusions du colloque
Dominique Momiron, inspecteur de l’éducation nationale conseiller technique ASH auprès du recteur, coordonnateur du CASNAV
Mesdames, Messieurs,
En premier lieu, je vous présente les excuses du délégué à la réussite éducative et à l’égalité des chances, Gérard Poux qui devait faire la conclusion du colloque. Mobilisé par une mission importante dans le cadre de ses fonctions de CSAIIO, il m’a prié de le remplacer puisque le CASNAV dont j’assure la coordination est placé sous la responsabilité de la délégation.
Il convient évidemment en conclusion de ce colloque de remercier tous les participants et notamment tous ceux qui ont patiemment préparé ce colloque. Je tiens à faire une mention particulière à une petite cheville ouvrière qui a passé des heures pour tout fignoler et donner de la cohérence à tout cela : Marie-Pierre Bernad.
Ce colloque s’inscrit dans une longue et ambitieuse dynamique de la politique éducative, tant à l’échelon de notre académie qu’à l’échelon de la nation.
L’objectif est bien que le service public de l’éducation de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale offre à tous les enfants les mêmes viatiques inspirés par les idéaux d’égalité et de fraternité qui sont le ferment de la liberté citoyenne. Une liberté fondamentale pour les enfants du voyage.
Oui, nous voulons que notre école soit une école inclusive qui n’exclut pas les enfants, mais qui au contraire les inclut tous dans ce projet qui fait l’identité de la France : c’est-à-dire cette aspiration à l’universalité humaniste fondée sur la raison accessible à tous et la dignité de tous, ce beau projet qui reconnaît en chacun et chacune une personne à part entière dans sa singularité humaine, mais aussi un citoyen ou une citoyenne dans sa vocation à la vie sociale, culturelle et politique.
Dans une école inclusive, il ne s’agit donc pas de se limiter à « classer » un enfant dans une catégorie administrative qui serait celle des « EFIV » ; il ne s'agit pas de l'enfermer dans une communauté, fût-elle socioculturelle ; il s'agit surtout de reconnaître et d’identifier ses besoins éducatifs particuliers, puis d’y apporter une offre pédagogique orientée par les trois grandes ambitions du système public de l’éducation :
- instruction, formation et culture pour tous,
- accès à la citoyenneté, à l'autonomie et à l'initiative pour tous,
- insertion sociale et professionnelle pour tous.
La puissance de cette notion de besoins éducatifs particuliers, c’est qu’elle s’étend à l’ensemble des enfants, qu’ils soient ou non associés à une catégorie étiologique sur le plan médical ou une catégorie administrative, ou même une catégorie culturelle.
Après bien des débats pendant plusieurs décennies, la Nation a fixé à notre école la mission de faire acquérir à tous ses enfants un Socle commun de connaissances, de compétences et de culture :
Or, « Le socle doit permettre la poursuite d’études, la construction d’un avenir personnel et professionnel et préparer à l’exercice de la citoyenneté. » (Art. L122-1-1 créé par l’art. 13)
Avenirs personnel et professionnel sont liés entre eux et sont liés à la citoyenneté : c’est là une responsabilité de l’école pour tous les enfants, au-delà de leurs particularités.
De même, la loi de refondation de l’école ambitionne qu’il n’y ait pas de sortie sans droit à la qualification ! « Tout élève qui, à l’issue de la scolarité obligatoire, n’a pas atteint un niveau de formation sanctionné par un diplôme national ou un titre professionnel enregistré et classé au niveau V du répertoire national des certifications professionnelles doit pouvoir poursuivre des études afin d’acquérir ce diplôme ou ce titre. » « Tout jeune sortant du système éducatif sans diplôme bénéficie d’une durée complémentaire de formation qualifiante qu’il peut utiliser dans des conditions fixées par décret. Cette durée complémentaire de formation qualifiante peut consister en un droit au retour en formation initiale sous statut scolaire. » (Art. L122-2 créé par l’art. 14).
La préparation à tout cela fait partie des missions de l'école fixée par la loi. « Afin d’élaborer son projet d’orientation scolaire et professionnelle et d’éclairer ses choix d’orientation, un parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel est proposé à chaque élève aux différentes étapes de sa scolarité du second degré. »
« L’école doit également s’ouvrir à tous ceux qui peuvent contribuer à cette information : témoignages de professionnels aux parcours éclairants, initiatives organisées avec les régions, avec des associations et des représentants d’entreprises, visites, stages et découverte des métiers et de l’entreprise, et projets pour développer l’esprit d’initiative et la compétence à entreprendre. » C’est ce que nous avons essayé de faire et de valoriser pendant ce colloque.
Ce colloque académique, qui est le troisième consacré aux élèves du voyage, est néanmoins une première du fait de son objet centré sur la question de leur insertion.
Il marque notre nouveau défi pour les jeunes du voyage.
Il s’agit de les inclure dans la communauté indivisible des citoyens, non seulement à l’école, mais aussi après l’école. Il s’agit de le faire sans effacer leurs particularités culturelles et historiques, mais au contraire en les reconnaissant dans leur dignité et leur originalité.
Mais il s’agit aussi de ne pas les réduire à cette originalité en leur donnant, à eux comme à tous les enfants, les clés pour ouvrir les portes du vivre ensemble tout au long de la vie. Ce chantier est encore immense. Bien sûr, cela demande des moyens, et plusieurs acteurs l’ont dit. Mais ne nous le cachons pas, il s'agit avant tout d'une question de mentalité, de représentations.
Faut-il se résigner à ces déterminismes que chacun a en tête pour ces enfants, ou bien faut-il les déconstruire et les contrarier ? Lors de ce colloque, la majorité d'entre vous a manifestement choisi cette seconde option. Vous l’avez fait en vous appuyant sur des valeurs, mais aussi sur des exemples concrets de réussite et de progrès. Ensemble, nous avons eu le plaisir d'écouter les témoignages de jeunes qui les ont vécus. Continuons d'en témoigner nous aussi pour diffuser nos ambitions et les faire vivre.
C’est aussi en cela que nous pouvons tous être des passeurs de liberté pour les enfants du voyage.
Je vous remercie !
Les clips vidéo créés pour le colloque
Mise à jour : mai 2021