Le collège Jules-Verne du Mayet-de-Montagne devient le collège Alice-Arteil

Le collège Jules-Verne se nomme désormais Alice-Arteil, en hommage à une figure emblématique de la résistance bourbonnaise, reconnue et honorée de plusieurs décorations pour son courage et son dévouement.

Si la nouvelle dénomination ancre encore plus solidement l’établissement scolaire dans le territoire et son histoire, elle répond aussi à son projet pédagogique global sur le devoir de mémoire.

Lundi 27 mai 2024, une cérémonie en l'honneur du nouveau nom du collège a eu lieu en présence de la famille d’Alice Arteil, dont sa fille Marinette, d’ André Bidaud, vice-président du conseil départemental de l’Allier en charge des collèges et de tous les élèves et personnels de l’établissement. Ce changement de nom symbolise non seulement une reconnaissance de l’histoire locale, mais aussi un engagement continu à éduquer et inspirer les élèves par l'exemple de ceux qui ont combattu pour la liberté.

Alice Arteil, une héroïne bourbonnaise de la Résistance

Alice Arteil, née Poyet le 16 juin 1912 à Saint-Romain-d’Urfé (Loire) et décédée le 23 octobre 1995 à Boën (Loire), est une résistante française de la Montagne Bourbonnaise et des Monts de la Madeleine.

Issue d'une famille nombreuse (septième sur une fratrie de douze enfants), de parents boulangers qui lui inculquent l’honnêteté, l’amour de la patrie, l’intégrité, elle passe son certificat d'études en 1925. En 1936, elle épouse Raymond Arteil, commerçant en tissus à Saint-Just-en- Chevalet (Loire).

Son mari est mobilisé dès le 2 septembre 1939. Il est fait prisonnier le 8 juin à Breteuil (Oise). Alice entreprend dès juillet 1940 des recherches assidues afin de le retrouver. Ce n’est que courant 1941 qu’elle retrouve sa trace dans un camp de prisonniers, aux confins de la Prusse Orientale. Dès lors, elle s’engage dans la lutte contre l’envahisseur nazi et commence à distribuer des tracts et des journaux opposés à la propagande de Vichy.

Elle réussit à se mettre en contact avec des résistants locaux et rejoint le groupe Franc-Tireur en juin 1942. Elle camoufle des parachutistes, des réfractaires du Service du Travail Obligatoire (STO), recrute de petits groupes de résistants, cache des postes émetteurs. Sa parfaite connaissance de cette région montagneuse, boisée et difficile d’accès qui fut de tout temps une terre d’asile pour les réfractaires permet à cette petite femme d’1m52, sans qualification particulière mais pleine de courage et de témérité, de devenir une recrue de premier plan qui consacre son temps et son énergie pour la Résistance.

En 1944, elle fonde le groupe franc « Alice ». Elle devient l’une des rares femmes en France, si ce n'est la seule, à diriger un maquis très actif d’une cinquantaine d’hommes. Elle risque plusieurs fois sa vie au cours d’opérations de sabotages, d’attaques de convois allemands, de déraillements de convois ferroviaires. Le groupe « Alice » contribue à la libération de Moulins le 6 septembre 1944.

Libéré par les troupes russes, son mari, Raymond, rentre en France en juin 1945. Elle reprend modestement le cours de sa vie civile avec son mari et sa fille Marinette (qu’elle avait laissé à de la famille durant sa période de résistance) sans rien réclamer en contrepartie de sa conduite héroïque. Alice retourne donc à l’anonymat.

Ces exploits et son courage lui valurent de nombreuses décorations et hommages dans le cadre régional. En 2000, une stèle en mémoire d’Alice et son groupe franc a été inaugurée au Précontent (commune d’Arfeuilles), une salle polyvalente à son nom sera inaugurée à Arfeuilles en 2024. Cette nouvelle dénomination du collège du Mayet-de-Montagne permettra de donner une notoriété nationale à cette femme d’exception.

Un travail de Mémoire avec les élèves

Le collège Alice-Arteil se distingue par son engagement à transmettre les valeurs de la Résistance aux jeunes générations. Depuis plusieurs années, les élèves de 3e mènent un travail approfondi autour de la mémoire de la Résistance. À travers des projets pédagogiques variés, incluant des recherches, des expositions, et des visites de sites historiques, ils explorent et honorent le passé héroïque de figures comme Alice Arteil.

Dans le cadre de leur travail de mémoire, le principal a demandé au ministre de l’Education nationale d’assister à la Panthéonisation de Mélinée et Missak Manouchian avec les classes concernées. Lors de ce séjour, ils ont pu visiter le Mémorial de la Shoah et le Musée de la Résistance nationale.

Le 22 novembre 2023, le collège recevait Henri Diot, ancien professeur d'histoire-géographie secrétaire de l'ANACR, venu présenter la résistante Alice Arteil aux élèves de 3e. Ces derniers ont travaillé à plusieurs un texte, notamment dans le cadre de la préparation orale du brevet. Le collège a aussi accueilli le petit fils d'Alice Arteil en novembre 2023, et accueille sa fille Marinette, 83 ans, lors de cette cérémonie.

Mise à jour : juin 2024