Dans un contexte marqué par le pardon et la reconnaissance du président de la République aux harkis et à leurs familles le 20 septembre dernier, la cérémonie d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives s’est tenue samedi 25 septembre à Bourg-Lastic lieu de mémoire départemental pour cette commémoration.
Des élèves du collège Willy MABRUT engagés dans un travail de mémoire depuis plusieurs années sur ce moment de l’histoire de France et de leur histoire locale ont participé et contribué activement à la cérémonie. Ils ont ainsi lu un discours rédigé par leurs soins sur le sens de ce moment et les leçons de ce passé, assuré la lecture de la voix off et accompagné les autorités lors des dépôts de gerbes.
Plusieurs d’entre eux ont aussi conduit des interviews à l’issue de la cérémonie auprès des diverses autorités et participants à la cérémonie. On retiendra en particulier celle accordée par le recteur Karim Benmiloud à Jade et Noah, élèves de 3ème. Durant cette dernière, le recteur est revenu à la fois sur l’importance de ce moment quelques jours après les déclarations du président de la République à l’Élysée, mais aussi sur l’engagement de ces jeunes collégiens dans cet important travail de mémoire qui le touche aussi personnellement.
Cette cérémonie marque aussi le point de départ d’un travail de mémoire qui sera mené sur une année scolaire marquée par les soixante ans de la fin de la guerre d’Algérie. Il sera conduit en partenariat avec Monsieur Mohammed président de l’Association AJIR pour les harkis Auvergne et se poursuivra par la visite de l’exposition de l'ONACVG, « l'Algérie et les harkis (1830-1962) » et du camp militaire de Bourg-Lastic où se trouve le cimetière des enfants de harkis. Tout cela donnera lieu à la participation du projet Le Bus des mémoires proposé par l’association Planète Jeunes Reporters sur les pas d’Albert Londres.Cette initiative a pour ambition de « faire revivre la ou les mémoires, en allant à la rencontre des lieux, des territoires et des populations marquées par l'exil, l'exode en Auvergne-Rhône-Alpes et ailleurs. Il s'agira de montrer que l'exil possède différentes facettes, qu'il concerne toutes celles et tous ceux qui, par des évènements dramatiques, ont été obligés de quitter leur lieu de vie pour d'autres lieux et d'autres rencontres ».
Lien vers les interviews sur Radio M
Une page tragique de l’histoire locale et un lieu de mémoire en construction
Entre le 24 juin et le 25 septembre 1962, près de 5 000 harkis, hommes, femmes, enfants ont été regroupés dans le camp de Bourg-Lastic (63) et répartis dans 630 tentes. Durant les trois premiers mois de leur arrivée en France passés à Bourg-Lastic, ces harkis et leurs familles, restés fidèles à la France, ont été déracinés et ont vécu un véritable drame psychologique, social et affectif.
Dans l’enceinte du camp militaire de Bourg-Lastic, géré par le 92e régiment d’infanterie, se trouve un cimetière où sont enterrés onze enfants, mort-nés ou âgés de deux jours à un an.
Face à l’urgence de la situation, durant l’été 1962, les familles de harkis ont souhaité, avec l’accord des responsables du camp, enterrer ces enfants sur le lieu où elles vivaient.
La première journée commémorative départementale du 25 septembre a été suivie de l’inauguration d’une stèle, le 30 septembre 2001 à Bourg-Lastic, en souvenir des harkis.
Depuis 2004, la Délégation Militaire Départementale a proposé à l’association "AJIR pour les harkis" d’effectuer une démarche auprès du ministère de la Défense et présenter un dossier afin d’aménager l’accès au cimetière et faire reconnaître officiellement ce site comme lieu de Mémoire.
Le 25 septembre 2005, une convention a été signée entre le 92e RI et l’association AJIR pour les harkis quant à l’entretien des tombes situées sur le terrain militaire du site du camp de Bourg-Lastic.
Mise à jour : septembre 2021